L'UNION
Plus: Annie Flore Batchiellilys, vous venez d'être sacrée "meilleur
espoir féminin" en Afrique du Sud. Qu'est-ce que cette
récompense représente pour vous ?
- Annie
Flore Batchiellilys. Après plusieurs années de galère et
de persévérance, je pense que c'est une récompense qui
vient vraiment au bon moment. Un moment où tu as vraiment
besoin d'être soutenue et où l'on te donne raison par rapport à ta
démarche. En un mot, je dis que c'est une confirmation
de la conviction. Parce que la route que j'ai prise n'est
pas bien vue dans ce milieu, surtout par rapport aux producteurs,
qui pensent qu'en prenant cette voie, tout est perdu d'avance.
Mais je pense que si je n'existe pas dans cette cour en
tant que Gabonaise, en tant que qui y existerai-je ? Donc
ma bagarre a été confirmée ce samedi 2 novembre à Johannesburg.
Et je remercie l'ambassade et l'attaché militaire, qui
ont eu l'idée d'emmener le drapeau gabonais dans leur sac.
- Étiez-vous
sûre de remporter ce prix ?
- Pas
du tout. Mais être nominée était déjà une grande. porte
pour moi. Cependant, je dois dire que je suis allée à Johannesburg
pour travailler en sous-marin, donner mes produits aux
organes de presse d'autres pays; rencontrer d'autres artistes,
mais je ne pensais pas avoir ce prix. Parce que rien que
ma présence à cette soirée, je crois que c'est vraiment
Dieu qui l'a voulue. Car, deux semaines auparavant, j'ai été informée
de ce que ce sont les maisons de disques qui payaient les
déplacements. Si je n'avais pas Air Gabon, je n aurais
pas été là-bas.
- "Diboty", qui
veut dire merci en langue punu, est le titre de l'album
qui vous a permis de faire votre entrée fracassante
sur la scène de la musique africaine. A qui faites-vous
allusion ici ?
- Quand
je vois mon accours, je me dis que j'ai quand même de
la chance. Je dis merci à toutes ces personnes qui ont
croisé ma vie. En fait, Diboty c'est un grand merci au-delà de
l'humain. D'abord, à l'endroit de Dieu pour ni avoir
donné cette voix. Merci à ma mère, ma grand-mère, mon
père, mes frères, mes amis, mes enfants e qui grandissent
dans cette histoire et qui acceptent momentanément mon
absence. Merci à M. Akendengué qui a croisé ma vie. Merci à Oliver
Ngoma, à mon ex-mari qui a cru en moi avant, à tous les
musiciens, etc. En fait, au départ, j'avais commencé par
donner à cet album le titre de je t'invite". Mais à la
fin de la rédaction, je me suis rendue compte que tout était
remerciement.
Je
voudrais aussi dire quelque chose de très important. Cet
album; je l'ai fait deux ans après que les maisons de disques
eurent voulu me faire faire d'autres choses dans lesquelles
ma culture n'avait pas sa place. Et un jour, j'ai eu une
amie qui est venue me voir et m'a conseillée de réaliser
mon album. Alors, je voudrais dire un grand merci à Huguette
Tanoh.
- Avez-vous
le sentiment d'être soutenue par vos compatriotes ?
- J'ai
beaucoup reçu des Gabonais. Et encore, en revenant d'Afrique
du Sud, j'ai vraiment découvert que je ne suis pas seule,
que tout le Gabon était derrière cette histoire et que
'avais raison de me battre pour lui.
- Comment
avez-vous accueilli l'idée de la création d'un fan
club Annie Flore Batchiellilys ?
- Chez
nous, on dit: " mulembu-u-mosi samasuse yindzi" (traduction
: un seul doigt ne lave pas la figure). Donc, c est vraiment
l'occasion de le mettre en place. Seule, je n'y arriverais
pas.