Nous écrire
FORUM
ANNUAIRE GABONAIS
REVUE DE PRESSE
RADIOS-TV LIVE
MUSIQUE
LIENS
ACCUEIL

MOT DU PRESIDENT

 

18 avril 2002: Daniel intervient lors de la conférence-débat sur la crise de l'enseignement supérieur au Gabon: génèse et perspectives.

 

 

 

 

Daniel le 10 mars 2001

 

 

 

 

 

 

11 Déc 2001: Daniel soutient brillamment sa thèse de doctorat en philosophie à Paris.
23 janvier 2002: fête pour la thèse de Daniel à la MTM. De g à d: Rodrigue, Viviane, Jean, Daniel et Valentin (accroupi).

On ne le voit pas toujours sous les feux de la rampe. Il est discret (par nature ou par choix? Sans doute un peu des deux). Il est néanmoins efficace et apporte sans bruit une contribution inestimable à l'organisation des activités de l'association et à la cohésion de la communauté. Daniel Loundou Massala fait l'unanimité sur sa personne et ses qualités de rassembleur. Il est l'un des doyens les plus respectés de la communauté; c'est celui vers qui on se tourne toujours pour quérir un conseil, une aide quelconque. Et on peut être sûr qu'il fera toujours quelque chose d'utile. Parfois, il prend l'initiative si les circonstances le commandent pour aider à faire avancer les choses. Portrait d'un sage au service des siens et des autres.

Entretien avec .........Daniel Loundou Massala

(Propos recueillis par Rodrigue Ossi de Lümbangoye)

Daniel, tu es l'un des membres les plus anciens à Montpellier; depuis quand y habites-tu?

-J'habite à Montpellier depuis septembre 1974. C'est à Montpellier que j'ai fait toutes mes études de philosophie jusqu'en thèse à l'université Paul Valéry. Mais après plusieurs interruptions provoquées par la suppression de ma bourse, la détérioration de ma situation sociale et des incompréhensions entre mes directeurs successifs et moi, j'ai soutenu ma thèse à l'université Paris VIII. C'est un défi qu'il fallait relever. A Paul Valéry, j'ai préparé aussi une licence en sciences de l'éducation que j'ai obtenue en 1994. Car mon objectif était d'enseigner la philosophie de l'éducation aux jeunes gabonais si la situation sociale du pays me l'avait permis. L'absence d'une issue positive m'a conduit à subir la précarité de la condition des immigrés à Montpellier.

- Toi qui as eu le privilège de voir l'AGLR naître et grandir , en quoi est-elle aujourd'hui différente de ce qu'elle a été dans le passé?

-L'AGLR a acquis une expérience organisationnelle évidente. Par rapport à ses objectifs fondateurs, des progrès sont nets et réels surtout sur les plans des activités culturelles et sportives d'une part; et d'autre part sur la solidarité patriotique et sociale. L'AGLR a réalisé un travail qualitativement positif en direction de la communauté gabonaise: elle a apporté un soutien moral et matériel constant aux compatriotes endeuillés. Les activités culturelles de ces deux dernières années ont connu un succès réel même si elle doit davantage améliorer leur contenu.

- Quel conseil pourrais-tu donner aux plux jeunes pour que les choses continuent à avancer dans le bon sens?

-Le conseil le plus important que je peux me permettre de donner à nos jeunes compatriotes c'est qu'ils poursuivent au sein de l'AGLR le développement de la conscience patriotique, de la solidarité et de l'entraide entre tous les gabonais et toutes les gabonaises; développer aussi le débat démocratique sur tous les problèmes de société qui touchent le Gabon, sans exclusive; pratiquer l'unité et non la division entre nous, maifester à travers nos actions l'amour du pays et de la communauté.

- Quels ont été tes engagements de jeunesse?Et qu'en est-il aujourd'hui?

- Mes engagements de jeunesse ont été essentiellement le militantisme syndical au sein de l'AGEG (association générale des étudiants gabonais) de 1974 à 1981. Cela reste aussi mon meilleur souvenir à Montpellier. Lorsque le gouvernement avait décidé de supprimer massivement les bourses pour nous obliger à rentrer au Gabon, nous avons vécu, à travers ce que nous avions appelé "la communauté de Soweto" un moment exaltant;face à ces difficultés, s'est développé un esprit de fraternité, de résistance, de solidarité et d'entraide patriotique. Aujourd'hui encore ce souvenir m'aide dans ma volonté de m'ouvrir à la jeunesse gabonaise avec laquelle je partage une proximité de vie à Montpellier.
Aujourd'hui, en tant que progressiste, mon engagement se poursuit dans la lutte pour l'instauration de la démocratie véritable au Gabon et en Afrique, pour la paix, et contre la mondialisation libérale qui, comme au temps du système esclavagiste, est en train d'organiser un second génocide à l'échelle du continent africain.

- Tu as soutenu il y a trois ans une thèse de doctorat en philosophie à Paris. Tu peux nous en parler un peu?

- Oui, en effet, malgré les circonstances qui ont entouré mon existence, j'ai pu soutenir une thèse en philosophie à Paris VIII le 11 décembre 2001. Le titre était: "La théorie de l'intuition chez Arthur Schopenhauer". Mon projet initial était de faire une thèse de la connaissance dont le fondement intuitif devait être illustrés par des exemples tirés des formes culturelles gabonaises: je voulais montrer que l'intuition est au fondement de toutes les formes de connaissances conceptuelles. Mais l'absence d'une documentation écrite sur le sujet a amené le professeur à me dissuader de le garder. J'ai gardé le thème de l'intuition et fait le choix du dernier des plus grands philosophes idéalistes allemands de la fin du XVIIIè siècle: Arthur Schopenhauer est celui qui, dans sa cosmologie de la volonté et du monde, a su dégager avec profondeur et authenticité cette intuition unique du monde. J'autorise la reproduction du résumé dans le journal ou tout autre support de l'AGLR afin que tout gabonais ou toute gabonaise qui le désire se fasse une idée de ma réflexion sur l'intuition dans son fondement et le système de Schopenhauer. Un débat est, de mon point de vue, possible ultérieurement.

- Est-ce que tu penses qu'il existe une philosophie africaine avec une forme de rationalité propre?

- Cette question mériterait un plus ample débat. Aujourd'hui, dans les conditions de cet entretien, ma réponse ne peut être qu'insuffisante, brutale et approximative. Là où existe une communauté humaine organisée (quel que soit le degré de cette organisation), existe en même temps une faculté de représentation du monde et de création des formes sociales et culturelles pour sa conservation. C'est de ces intuitions créatives et représentatives de la société et du monde que naît la philosophie, c'est-à-dire la sagesse en tant que connaissance et élevation morale.
  Mais l'existence de ces intuitions n'implique pas automatiquement l'existence de formes de pensées rationnelles et philosophiques à toutes les époques ou à l'échelle d'un continent. Notre réflexion sur cette question doit nous conduire d'abord à examiner les conditions de formation de formes localisées de pensées avant toute confirmation ou infirmation de l'existence d'une philosophie africaine et d'une rationalité propre;

- Que penses-tu de l'avenir de la communauté gabonaise à Montpellier et surtout de l'avenir du Gabon?

- La communauté gabonaise du Languedoc-Roussillon est essentiellement composée d'étudiants et de stagiaires, donc majoritairement une population flottante. Cela pose un problème pour la communauté et l'AGLR à définir des perspectives à long terme. Je soutiens toutefois la poursuite des efforts entrepris pour la conscientisation et la solidarité patriotique entre les gabonais et les gabonaises. Tout ce que chaque gabonais réalise en direction e la communauté et du pays contribue à dessiner un avenir radieux auquel il faut croire. Cela doit se poursuivre car c'est la voie du bon sens qui élève chacun à la conscience supérieure dont personne ne peut faire l'économie dans sa participation à l'avènement d'un Gabon meilleur.